Quatre poèmes d'amour à Hélène
>> 13 de junio de 2012
II
Je t'attendais ainsi qu'on attend les navires
dans les années de sécheresse quand le blé
ne monte pas plus haut qu'une oreille dans l'herbe
qui écoute apeurée la grande voix du temps.
Je t'attendais et tous les quais toutes les routes
ont retenti du pas brûlant qui s'en allait
vers toi que je portais déjà sur mes épaules
comme une douce pluie qui ne sèche jamais.
Tu ne remuais encore que par quelque paupières
quelque pattes d'oiseaux dans les vitres gelées
je ne voyais en toi que cette solitude
qui posait ses deux mains de feuille sur mon cou.
Et pourtant c'était toi dans le clair de ma vie
ce grand tapage matinal qui m'éveillait.
Tous mes oiseaux tous mes vaisseaux tous mes pays
ces astres ces millions d'astres qui se levaient.
Ah que tu parlais bien quand toutes les fenêtres
pétillaient dans le soir ainsi qu'un vin nouveau.
Quand les portes s'ouvraient sur des villes légères
où nous allions tous deux enlacés par les rues.
Tu venais de si loin derrière ton visage
que je ne savais plus à chaque battement
si mon coeur durerait jusqu'au temps de toi-même
où tu serais en moi plus forte que mon sang.
(de Hélène au le règne végétal)
Y la traducción:
II
Yo te esperaba igual que se espera a los barcos
en años de sequía cuando el trigo no alcanza
la altura de un oído que pegado a la hierba
escucha temeroso la voz grande del tiempo.
Te esperaba y los muelles y todos los caminos
sonaron con los pasos ardorosos que iban
hacia ti a quien llevaba ya a cuestas en mis hombros
como una lluvia suave que no se seca nunca.
No te movías más que por algunos párpados
algunas patas de aves en los vidrios helados
yo no veía en ti sino esta soledad
que ponía en mi cuello sus dos manos de fronda.
Mas ya eras en la luz de mi vida ese enorme
bullicio matinal con que me despertaba.
Todas mis aves todos mis barcos mis países
esos astros millones de astros que se alzaban.
Ah qué bien lo decías cuando en la tarde todas
las ventanas brillaban igual que un vino nuevo.
Cuando las puertas daban a ciudades ligeras
en que íbamos los dos agarrados por las calles.
Venías de tan lejos por detrás de tu rostro
que con cada latido del corazón dudaba
si aguantaría hasta el tiempo de ti misma
cuando fueras en mí más fuerte que mi sangre.
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